linnae ♥ she'll sweep you off your feet. [done]

« On est en congé… On va à Yarmouth. » Congé ? Pourquoi suis-je en congé ? Qu’est-ce que j’ai fait pour être en congé ? « Arrête de te foutre de ma gueule, Lane. » Il me regarde, perplexe, et je croise les bras. Il doit être entrain de blaguer là, non ? Il change pas d’expression, et finit par lever les yeux au ciel et soupirer. « Le patron veut qu’on prenne des vacances et il m’a dit que tu devais venir avec moi à Yarmouth. » Il faut qu’il arrête. Je virevolte et je sens mes muscles se crisper. Merde, si ça se trouve il est entrain de nous virer et je pourrais donc plus avoir de revenu, mon budget est serré et j’ai pas envie de vivre dans la rue. Après la mort de maman Dieu seul sait comment j’ai galéré pour terminer mes études et faire quelque chose de ma vie. Moi qui voulais être pianiste je me suis ramassée à être femme d’affaires. Pas que je déteste ça, au contraire, mais ça m’a pris du temps avant de devoir me faire à cette idée. Je lève la tête et regarde mon piano qui traîne dans le coin depuis des lustres. Piano que ma mère m’a acheté avec le peu d’argent qu’elle avait et que j’ai conservé durant toutes ces années. Enfin bref, si je me fais virer je vais pouvoir me relayer sur mon piano et essayer de gagner ma vie autrement. « T’es pas sérieux, bordel de merde mais qu’est-ce qu’on a fait ? Genre on a conclu tous les contrats que les autres n’arrivaient pas à conclure à cause de leur incompétence. C’est une vraie blague. En plus, Yarmouth c’est un foutu trou perdu ! » J’y suis jamais allée, mais j’ai entendu que des commentaires barbants à son sujet… « Dès demain j’appelle le patron pour savoir pourquoi ! » « Non, fais rien que tu risques de regretter. On est pas sur la touche, on s’en va juste en… Vacances. » La manière dont il le dit n’a pas l’air de le convaincre non plus. Je n’aime pas ça, je n’aime vraiment pas ça. « Si ça se trouve, on y va une semaine et on se remet au boulot ensuite… Et c'est que t'es foutrement sexy quand t'es paniquée. » Il s’approche de moi dangereusement, un peu trop dangereusement, mais ça me plait. Depuis qu’on joue à ce jeu, Blake et moi, on ne s’est imposé aucune limite. Il prend mes mains dans les siennes et m’embrasse sur le front, avant de descendre à mes joues, qui deviennent rouges, et finalement sur ma bouche. « T’es pas sympa de me faire taire comme ça tu sais. » Il sourit contre mes lèvres, et c’est reparti pour nuit de folie… Ou plutôt les quelques heures qu’il nous reste avant de partir au bled. Joie…

On y est, je vois l’avion prêt à se poser. « Si tu m’abandonnes quelque part je te trucide. » Il me regarde et sourit, ce n’est pas drôle du tout. « Je ne blague pas, Lane. » Il se met à rire et secoue la tête négativement en retournant au film qu’il regarde. Eh oui, parce que notre compagnie fait des millions, quand ils envoient leurs hommes en voyage, ils ont droit au luxe. Du coup, on a une télévision pour chacun – les petites – un bar à volonté et toutes les conneries qui viennent avec. Ça fait un peu changement des avions qu’on prend d’habitude pour aller régler des affaires à travers le monde. Je sens que je vais détester cet endroit. Les gens y sont trop accueillants et on dirait que quelque chose de louche s’y passe… Merde, ce truc louche c’est un foutu mariage entre deux personnes que je connais pas du tout. Double joie…