[ F / F ] my life is a mess, and so are you

J'étais sorti en fumer une - ouais, pas bien, pas bien, je sais - pendant que Linnae faisait à un truc comme un autre en dedans, j'ai pas vraiment remarqué. C'est vrai qu'on s'entend bien, elle et moi, mais à partir du moment où a pris son pied l'un l'autre, on redevient des colocataires, du moins, jusqu'à la prochaine rechute. Je crois que c'est un truc physique, une attirance chimique. Je regarde un peu l'horizon, appuyé sur la rembarde. C'est assez bien, comme vue, d'ici. Bien hâte de voir comment je vais réussir à occuper mes journées dans un si petit endroit. J'allais tirer une nouvelle bouffée de ma clope que mon cellulaire sonne. Tiens donc, je regarde le numéro. Le patron, déjà ? C'est Linnae qui va être contente si faut plutôt se rendre vers Boston que de crécher ici, si mignon ce petit appartement peut être « Blake Lane » « Salut Blake, et puis le vol ? ». D'accord, j'aime bien mon boss, sans blagues, pas de prises de tête, mais je ne trouve pas ça très sain qu'il me demande des trucs dont il en a strictement rien à battre, chose que je sais aussi bien que lui « Vous ne m'appelez certainement pas pour savoir si l'hôtesse de l'air était mignonne, je me trompe ? ». Blake, ou l'art de ne pas perdre son temps au téléphone tout en restant très poli. Je l'entends rire, puis se racler la gorge. Comme dans les films, quand l'espion reçoit sa mission, le patron prend une intonation grave « Je vais avoir besoin de tes services Lane ». Je m'étais presque fait à l'idée d'avoir des vacances, eh bien, tant pis! « On repart quand, monsieur ? » « Vous ne repartez pas, j'ai besoin de vous là-bas, je vous explique... ».

Eh bien ça, je ne m'y attendais pas. D'accord, ma mère m'a toujours dis que je me ferais avoir un jour, à avoir une belle gueule - c'est elle qui l'a dit - mais là, franchement, ça bat des records. Il paraît qu'une des avocates qui fait partie d'une firme adverse ou je ne sais trop est dans la place, et qu'il faut à tout prix qu'elle ait une bonne opinion de nous, ou de moi. La compétition est féroce, dans le milieu, et j'ai pour « mission » de savoir ce que possède ces gens-là sur nous. Jusque là, je me sens un peu comme Sean Connery ou Pierce Brosnan dans James Bond, mais ça va toujours bien. J'ai eu le malheur de demander qui était le nom de la demoiselle en question « Jenkins. Calypso Jenkins ». Mon sang n'a fait qu'un tour. Calypso. Qu'on se recroise sur la scène internationale, c'était du pur délire. Que je lui fasse oublier qu'on avait failli se mettre ensemble à la fac et que je me retrouve de nouveau dans ses bonnes grâces, ça relevait du miracle. Qu'elle avait détesté Saorise et ses manières, ma manière à moi de ne pas la tenir à carreaux ma petite soeur. Pourtant, je crois que ça a été la seule et unique fois que j'ai été intéressé sérieusement par quelqu'un. Je ne me vois absolument pas faire de l'espionnage industriel, pourtant, j'ai émis un « D'accord » un peu faible, mais je me demande maintenant si la seule raison qui m'y a poussé, c'est ma curiosité de revoir Callie. De voir si elle me fait toujours le même effet. De voir si les effets ont dissipés sa manière de me faire oublier le reste du monde quand elle se trouve dans les parages...

Je vous jure, je me suis foutu dans une situation pas possible, parce que je ne sais pas trop comment ni pourquoi Calypso est dans les parages, et je me vois mal lui dire « Hey Callie, je m'excuse d'avoir piqué un fard quand on était à la fac quand t'a dit des trucs vrais sur ma petite-soeur démoniaque, mais qui m'ont choqué sur le moment, puis d'avoir été trop lâche pour te rappeler du coup ». On s'était pourtant mis d'accord pour aller au bal de promo ensemble. On y est allé, parce qu'on avait les tickets et la table réservée, mais sitôt elle a pu se lever qu'elle est allé retrouver un autre type. Son petit-ami. Bon dieu Blake, t'es maso ou quoi ?